Jacob, Jacob de Valérie Zanatti

jacob-jacob-zenatti-couv

Histoire de Jacob Melki

« Jacob, Jacob » est un roman qui retrace en toile de fond les dernières années de la Seconde Guerre Mondiale et la libération des villes du Sud de la France. Cependant, les furies de la guerre sont des éléments de décor permettant de mettre en lumière le destin tragique d’une famille juive de Constantine, les Melki. Comme l’indique le titre de l’ouvrage, l’auteur s’attarde sur le portrait du plus jeune des fils de cette famille, Jacob. Enrôlé en 1944, il participe avec ses camarades de régiment et les troupes de soldats venant des colonies à la libération des villes méditerranéennes. Valérie Zenatti le décrit comme un jeune homme aimant la littérature et l’école. Jacob est sensible et se sent oppressé dans une famille traditionnelle où le patriarcat s’impose de façon violente et omnipotente. Jacob, jeune homme ingénu et candide va expérimenter la violence et l’absurdité du conflit.

Dans ce roman, face à l’autorité du patriarche, les femmes ne comptent pas et Jacob ressent de la compassion pour Madeleine, cette belle-sœur si belle mais réduite à l’état de bête de somme. Il comprend de même la révolte de Gabriel, son neveu qui veut mettre à mal le pouvoir de son grand-père et de son père. Le roman met en même temps en scène Rachel, la mère de Jacob. C’est le pivot du récit, son point d’équilibre. Rachel représente non seulement la Mater Dolorosa mais aussi une figure solaire qui illumine tout le roman. Elle relie Jacob à la vie et perpétue sa mémoire à travers les âges et les générations.

Le récit de Valérie Zenatti est à la fois poignant et mélancolique. Il décrit avec poésie la déliquescence et le déclin d’un monde. Cependant, le lecteur peut regretter un certain manque de profondeur dans l’exploration psychologique des personnages et la complexité des liens entre les protagonistes. Ce manque d’approfondissement présente une trame romanesque assez simpliste qui ne lui permet pas d’avoir l’envergure d’une grande œuvre. Sa thématique aurait pu être plus travaillée pour mettre en exergue la fin d’un monde et l’émergence d’une autre volonté, d’un autre ordre, d’une autre configuration mondiale puisque l’intrigue se déroule sur 70 ans.

En conclusion, le roman a du potentiel. Il aurait pu devenir un chef-d’œuvre s’il avait été moins elliptique.


Edition de L’Olivier
168 pages
16 Euros
Parution le 21/08/2014

Cet article a été publié dans Littérature française, Rentrée littéraire 2014. Ajoutez ce permalien à vos favoris.

2 commentaires pour Jacob, Jacob de Valérie Zanatti

  1. jostein59 dit :

    Tu as raison sur la possibilité de travailler plus en profondeur la thématique historique mais chez moi ( et je pense chez le lecteur moyen) la composante « romanesque » donne ce petit quelque chose en plus qui rapproche du récit ( et du coup de coeur).
    Certes, parfois certains auteurs, même sur des romans courts parviennent à capter le coeur et l’esprit.

    J’aime

  2. lemondedetran dit :

    Je comprends ta position. Cependant, je trouve que certains auteurs ne se « foulent » pas trop non plus. Que ce soit pour ce livre ci ou « Le roi disait que j’étais diable », le style laisse à désirer. La structure bipartite de Clara Monod devient à la longue monotone. Son choix de « moderniser » les personnages ou leur psychologie fait basculer dans l’anachronisme. Dans « Jacob, Jacob », le style est très attendu. Je vais être plus sévère: c’est un niveau de langue courant avec un niveau un peu au dessus de la moyenne dans l’emploi du vocabulaire. Quand au « romanesque », cela dépend de ce qu’on entend par là. Pour moi, dans romanesque, j’associe roman, style, personnages, genre et poésie. Et franchement, pour moi, on en est bien loin. Mais bon, je suis très très critique.
    Cependant, tu as un roman français écrit par Kaoutar Harchi « A l’origine notre père obscur » qui réunit tout ce que j’appellerai un bon roman et un réel travail de fond. La critique va venir d’ici à la fin de la semaine. Le respect des lecteurs passent par un réel effort manifeste pour produire une oeuvre de qualité. Or je ne trouve pas cela (à mon avis) chez les auteurs cités plus haut. Bonne suite de lecture, Jostein.

    J’aime

Laisser un commentaire